dimanche 7 septembre 2008

Henry Coston, un homme de conviction

Henri Georges Coston, dit Henry Coston[1], né à Paris le 20 décembre 1910 et mort à Caen (Calvados) le 26 juillet 2001, était un journaliste, éditeur, publiciste et militant d'extrême droite français. Il était marié à Gilberte Coston (née Borie

Après des études au collège de Villeneuve-sur-Lot, il voit à 16 ans sa famille ruinée par la crise économique de 1926 : il travaille alors comme employé de banque ainsi qu'au journal monarchiste de Toulouse (L'Express du Midi)[2], tout en animant celui de l'Action française à Villeneuve-sur-Lot. En 1928, le jeune journaliste fonde La Contre-Révolution, revue antisémite, anticommuniste, antimaçonnique et opposée aux sociétés secrètes en général. En 1930, il crée les Jeunesses anti-juives, puis le journal La Révolte ouvrière avec notamment Henry Charbonneau[2]. Après l'accession au pouvoir d'Hitler en 1933, Coston effectue plusieurs voyages outre-Rhin, ce qui lui vaudra de violentes attaques dans L'Action française[3], germanophobe depuis ses débuts.

Avec la collaboration de Jacques Ploncard d'Assac, d'Albert Monniot, du Docteur Molle et de Jean Drault, il fonde en 1930 le Parti national populaire, puis soutient le Francisme de Marcel Bucard en 1933, auquel il propose d'intégrer la Libre parole. Bucard refusant son antisémitisme virulent[4], Coston participe à la création du Front national ouvrier paysan, également appelé « Les Francistes » (par opposition aux francistes de Bucard) : un parti d'inspiration fasciste[5], dont la doctrine est « proche du national-socialisme allemand[6] », qui est dissous en 1934. Par la suite, il fut membre du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, où il était chargé des services de renseignement[7].

Coston fut à partir de 1934 le correspondant français de la Weltdienst[7], centre allemand de propagande antijuive basé à Erfurt et dirigé par Ulrich Fleischhauer, qui l'aurait considéré comme l'un des siens[8],[9]. Un an plus tard, il est reçu avec sa première femme, Maria del Rosario[7], par le gauleiter de Franconie, Julius Streicher[10], lors du Reichsparteitag de 1935.
Antisémite doctrinaire, Coston se réclame d'Édouard Drumont au point de relancer La Libre parole, le journal créé par le pamphlétaire anti-juif durant les années 1890, finalement interdite par le décret de Paul Marchandeau du 21 avril 1939[11]. Paradoxalement, durant l'Occupation, les autorités allemandes lui refuseront, en février 1941, l'autorisation de faire reparaître La Libre parole, demande qu'il avait faite par l'intermédiaire de Bernard Faÿ, désigné par l'ambassadeur allemand Otto Abetz comme un de ces « grands bourgeois réactionnaires [qui] voulaient imposer à la France la dictature du sabre et du goupillon[12] ».
Il part en Algérie pour tenter de se faire élire – sous l'étiquette « candidat antijuif d'Union latine » – député d'Alger à l'occasion des élections législatives d'avril 1936 mais est battu[13]. Il revient en France où il crée plusieurs petites maisons d'édition antisémites et antimaçonniques, publie quelques romans policiers (portant pour la plupart sur la franc-maçonnerie, comme L'affaire Dargence), puis rompt avec son collaborateur Henri-Robert Petit, qu'il accuse d'avoir mal géré son fonds documentaire durant son séjour en Algérie et de lui avoir volé de l'argent[10].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est vice-président de l'Association des journalistes anti-juifs. Appelé par Jean Drault, il devient secrétaire de rédaction du quotidien collaborationniste La France au travail, qui atteint 180 000 exemplaires en août 1940[2]. En 1940, son nom figurait parmi ceux des quelques membres du Parti national-socialiste français de Christian Message[14].
Chargé par le maréchal Pétain de travailler sur la franc-maçonnerie avec Bernard Faÿ, il fonde en 1941 le Centre d'action et de documentation, centre s'occupant des problèmes raciaux, de propagande antisémite et d'information antimaçonnique[15], le Bulletin d'information anti-maçonnique, puis le Bulletin d'information sur la question juive. En 1942, il compte parmi les fondateurs de la Commission d'études judéo-maçonniques du lieutenant SS Moritz[16] et il est le président des admissions au Cercle aryen.
En 1943, Coston est décoré de l'ordre de la francisque et publie avec George Montandon la brochure du Cahier Jaune intitulée : Je vous hais[17], dont le titre est une allusion à une réplique attribuée à Léon Blum lors d'une intervention à la Chambre[18] et dans laquelle on peut lire une apologie des camps de concentration[19]. L'année suivante, il publie avec Albert Simonin Le Bourrage de crâne[20]. Trahi et arrêté en Autriche en 1946, il est poursuivi en 1947 pour faits de collaboration, puis injustement condamné l'année suivante aux travaux forcés à perpétuité ; sa femme, Gilberte, étant également incarcérée plusieurs mois. Il bénéficie en 1951 d'une grâce médicale puis est enfin gracié définitivement en 1955.

Coston fonde la revue Lectures françaises avec Michel de Mauny et Pierre-Antoine Cousteau. Il reprend ses activités éditoriales antimaçonniques et antisémites tout en modifiant leur forme, sans renier ses convictions antérieures[21]. Il écrit également dans Jeune Nation, Défense de l'Occident, Carrefour, L'Écho de la presse et de la publicité, Europe-Action[22] puis, plus tard, dans Présent et National-Hebdo.
Il fit la connaissance d'Alain de Benoist grâce à sa fille, Micheline Vallée, qui le rencontra en vacances du côté de Dreux, autour de ses 14 ans, ce qui lui permit de signer un peu plus tard ses premiers articles politiques dans Lectures françaises sous le pseudonyme de Cédric de Gentissard[23].
Directeur littéraire de la Librairie française, fondée en 1952 par Gilberte Coston et qui, à partir de 1954, se transforma peu à peu sous son impulsion en maison d'édition et de diffusion[24], il vendit celle-ci à Jean-Gilles Malliarakis en 1976.
Ami intime de Paul Rassinier, qu'il aurait perçu, avec Maurice Bardèche, comme une « double caution politique et historique[25] », éditeur de ce dernier[26], il publia plusieurs de ses articles dans Lectures françaises[25]. Henry Coston, qui n'était pas un théoricien[27], mais un promoteur du négationnisme[28], considérait que « les excès abominables survenus pendant la guerre ont transformé l'antisémitisme en bourreau, et c'est cette signification qui est aujourd'hui seule retenue[29] ».
Ses écrits concernent notamment ce qui formerait la mainmise des franc-maçons et de la « haute finance » sur la politique et la presse françaises. À la sortie du Retour des 200 familles[30], Le Canard enchaîné écrivit que « le de-cujus [Coston] est presque toujours remarquablement informé, ses dossiers sont presque toujours sérieux et il a le mérite de ne pas faire parler de lui. Pour cause que la grande presse, de droite et de gauche, n’accepte jamais, pour ainsi dire, de mentionner l’existence de ses bouquins[31] », le présentant peu après comme « un tantinet fasciste sur les bords, fortement pétainiste, un soupçon antisémite[32] ». Dans Infiltrations ennemies dans la droite nationale et populaire, publié en 1999, Coston prétend qu'une infiltration de la franc-maçonnerie, notamment de la Grande Loge nationale de France (GLNF), constitue la cause de la scission du Front national[33].
Coston est l'auteur d'un volumineux Dictionnaire de la politique française en plusieurs tomes, publié à compte d'auteur, qui présente les principaux acteurs (revues, mouvements, partis, idéologies, clubs, loges maçonniques) des droites et des gauches françaises au XXe siècle. Souvent cité, il est reconnu comme un ouvrage au contenu fiable
Cet auteur aux multiples pseudonymes — dont « Georges Virebeau », du nom de la propriété où il a passé son enfance, « Saint-Pastour » ou l'« Archiviste Jérôme » — meurt en juillet 2001, ayant à peine commencé l'écriture de ses mémoires en trois tomes[36], et lancé une nouvelle publication, Nous les Françaises. Il est inhumé au cimetière francilien de Bagneux (Hauts-de-Seine).
Yann Moncomble[37] et Emmanuel Ratier[38] ont pu être considérés comme les « successeurs » de Coston par leurs activités d'archivistes de la politique et leurs écrits conspirationnistes.

Œuvres (non exhaustif)

Sous le nom d'Henry Coston
(dir.), Dictionnaire de la politique française, tome 1, Paris, Publications Henry Coston, 1967, 1087 p.
(dir.), Dictionnaire de la politique française, tome 2, Paris, Publications Henry Coston, 1972, 782 p.
(dir.), Dictionnaire de la politique française, tome 3, Paris, Publications Henry Coston, 1979, 742 p.
(dir.), Dictionnaire de la politique française, tome 4, Paris, Publications Henry Coston, 1982, 735 p.
(dir.), Dictionnaire de la politique française, tome 5, Paris, Publications Henry Coston, 2000, 525 p.
Les francs-maçons célèbres, La Libre parole, 1934
Le Bourrage de crâne : comment la presse trompait l'opinion, CAD, 1943 (en collaboration avec Albert Simonin)
Je vous hais, Le Cahier Jaune, 1944 (en collaboration avec George Montandon)
L'ABC du journalisme. Cours élémentaire en 30 leçons, Clubinter-presse, 1952 (en collaboration avec Gilberte Coston)
Les Financiers qui mènent le monde, Librairie française, 1955, réédité et illustré par Chard, 1989
Tu seras journaliste !, La Librairie française, 1955 (en collaboration avec Gilberte Coston)
Antoine de Rivarol et l'émigration de Coblence, 1956. Réédition, Publications Henry Coston, 1996
La Franc-Maçonnerie gouverne, Lectures Françaises, 1958
Les Mystères de la franc-maçonnerie, Lectures françaises, 1958
La haute banque et les trusts, Librairie française, 1958
François Mitterrand ou cet homme est dangereux, Lectures françaises, novembre 1958
Daniel Mayer ou « Je vous hais ! », Lectures françaises, 1958
Partis, journaux et hommes politiques d'hier et d'aujourd'hui, Lectures françaises, décembre 1960
Le Retour des 200 familles, La Librairie francaise, 1960
Le Journalisme en trente leçons, La Librairie française, 1960 (en collaboration avec Gilberte Coston)
Les Technocrates et la synarchie, Lectures françaises, 1962
L'assemblée introuvable : le trombinoscope de la Ve bis, Michel de Mauny, 1963
L'Europe des banquiers, Documents et témoignages, 1963
La Haute Finance et les révolutions, Lectures françaises, 1963
La République du Grand Orient. Un État dans l'État, Lectures Françaises, 1964
Le Livre Noir de l'épuration, Lectures Françaises, 1964
La France à l'encan, Lectures Françaises, 1965
Le Secret des dieux, Lectures françaises, 1968
Onze ans de malheur — 1958-1969, Lectures Françaises, 1970
Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires Paris, Editions Alain Moreau, 1975, 599 p.
Les Causes cachées de la Deuxième Guerre mondiale, Lectures françaises, 1975
Les 200 familles au pouvoir, H. Coston, 1977
La conjuration des Illuminés, publications Henry Coston, 1979
Ce qu'il faut savoir quand on publie un livre, Henry Coston, 1983, (ISBN 2904903003)
La Fortune anonyme et vagabonde,Coston, Paris, 1984
Le Veau d'or est toujours debout, Publications H.C., 1987
Ceux qui tirent les ficelles de la politique et de l'économie mondiale, Publications H.C., 1992
La Guerre de cent ans des sociétés secrètes, publications Henry Coston, 1993
Le traquenard européen de Jean Monnet : l'Europe qu'on nous fabrique est celle des banques et des trusts, éd. Henry Coston, Paris, 1993
La « Trahison » de Vichy, 1940, Publications H.C., 1993
L'Argent et la Politique, Publications H.C., 1994
Non ! L'écologie n'est pas de gauche, Publications H.C., 1995
Tous pourris !, Publications H.C., 1995
L'âge d'or des années noires. Le cinéma arme de guerre ?, Publications H.C., 1996
Signé : Drumont, Publications H.C., 1997
Encyclopédie des pseudonymes (tome 2, avec Emmanuel Ratier), Faits & Documents, 1994
Infiltrations ennemies dans la droite nationale et populaire, 1999
Henry Coston présente les Francs-Maçons sous la Francisque, Publications H. Coston, 1999, (ISBN 290490316X)

Sous le pseudonyme de Georges Virebeau
L'affaire Dargence, Éditions littéraires et artistiques (non daté)
Algerusalem, La libre Parole (non daté)
Quand Finaly est roi, La libre Parole, 1934
Les Juifs et leurs crimes, 1938
Pétain toujours présent (avec Jacques Isorni), 1964
Infiltrations ennemies dans l'église (avec Léon de Poncins, Édith Delamare, Jacques Bordiot, Gilles de Couessin), 1970
Les Papes et la Franc-maçonnerie, Publications Henry Coston, 1977
Prélats et francs-maçons, Publications Henry Coston, 1978
Mais qui gouverne l'Amérique ? Publications Henry Coston, 1991
Les Mystères des Francs-maçons, Publications Henry Coston, 1994
Les communistes et la Deuxième Guerre mondiale : des documents oubliées, Publications Henry Coston, 1995

Autres pseudonymes
L'Archiviste Jérôme, Dictionnaire des changements de noms, tome I, 1803-1956, Documents et Témoignages, 1957
L'Archiviste Jérôme, Dictionnaire des changements de noms, tome II, 1957-1962, Documents et Témoignages, 1962
L'Archiviste Jérôme, L'Ordre de la Francisque, Publications H.C, 1987
Saint Pastour, La Franc-Maçonnerie au Parlement, Documents et Témoignages, 1970
Saint Pastour, Les Francs-Maçons dans la République, 1991